Djenné-Djeno,
avec Hambarketolo, Tonomba et Kaniana, constitue un témoignage exceptionnel
des civilisations préislamiques de l'intérieur du delta du Niger. Djenné
offre un remarquable exemple de groupe d'édifices illustrant une période
historique significative ; elle est considérée comme « la plus belle
ville d'Afrique », ou encore comme la « ville africaine typique ».
La crue annuelle du Niger et de ses affluents est un phénomène naturel
essentiel aussi bien dans la région de Djenné que dans tout l'intérieur
du delta. La crue recouvre toutes les terres, à l'exception de quelques
hauteurs connues sous le nom de toguere. Les fouilles menées entre 1977
et 1981 sur le toguere de Djenné-Djeno, dans le bassin inondé du Bani,
3 km au sud-est de Djenné, ont montré que l'occupation humaine y a été
continue de 250 av. J.-C. au XIVe siècle.
Différentes phases d'occupation ont été mises en évidence. Au cours
d'une période préurbaine, le peuple Bozo vivait de la pêche et de la
riziculture. La phase d'urbanisation qui suivit fut probablement le
fait du peuple Nono, dont les marchands firent rapidement de la ville
une place commerciale et un point essentiel du commerce de l'or transsaharien,
qui débuta au IXe ou au Xe siècle en Afrique occidentale, pour répondre
à la demande des musulmans. La découverte de nombreuses structures domestiques
(murs, maisons, restes de foyers) et d'un grand nombre d'objets en métal
et en terre cuite a fait de Djenné-Djeno un site archéologique majeur
pour l'étude de l'évolution de l'habitat, des techniques industrielles
et artisanales, et de la diffusion de l'islam.
La découverte de restes organiques, dont un grand nombre de grains de
riz africain, a permis de beaucoup mieux comprendre comment s'y était
développée la riziculture. D'autres toguere, comme ceux de Hambarketolo,
Tonomba et Kaniana, ont également livré d'importantes découvertes. Toutes
ces collines, qui étaient un refuge naturel à l'époque des crues, sont
des sites archéologiques potentiels, et méritent à ce titre d'être protégées.
Au XIVe siècle, Djenné-Djeno a été abandonnée en faveur de Djenné, qui
était habitée depuis le XIe siècle. L'histoire du sacrifice expiatoire
d'une jeune fille, Tepama, murée vivante pour garantir la prospérité
de la ville, doit être replacée dans le contexte religieux d'une époque
où les croyances animistes et le fétichisme ne s'étaient pas encore
effacés devant l'islam. Introduit par des marchands Marka, ce dernier
ne s'est pas affirmé avant la fin du XIIIe siècle, époque à laquelle
le sultan Koumboro s'y convertit. Il abandonna son palais et en fit
la première mosquée de Djenné ; celle-ci fut détruite en 1830.
Comme Tombouctou, Djenné a connu son âge d'or aux XVe et XVIe siècles.
La ville était alors un centre majeur de diffusion de l'islam. Prise
par les Marocains en 1591, puis par les Peuls en 1810, par les Toucouleur
en 1862, enfin par les troupes coloniales françaises en 1893, Djenné
ne connut aucune nouvelle phase de développement important jusqu'à ce
que le Mali ait conquis son indépendance. La période coloniale a laissé
des traces importantes sur la ville, notamment avec la reconstruction
de sa grande mosquée, en 1906-1907. Ce monument, construit pour 3 000
fidèles, est cependant un pastiche assez réussi de l'architecture religieuse
locale.
La ville de Djenné, qui s'étend sur plusieurs toguere, est coupée en
deux par une large avenue. Au sud, la place du marché est dominée par
la grande mosquée. Quelque 1850 maisons traditionnelles (en 1982) se
répartissent de part et d'autre de cet axe central, sur une ancienne
parcelle de terrain de 20 ha environ. Le trait principal de l'architecture
domestique, influencée par celle du Maroc, réside dans sa verticalité.
Des contreforts scandent les façades des maisons à deux niveaux dont
les entrées sont toujours particulièrement soignées. Outre ce quartier
historique, différents édifices contemporains ont été construits lors
des extensions successives des limites de la ville. Il faut enfin mentionner
les ports de Djenné, qui sont au nombre de 17, et notamment celui de
Bambana, où faisaient escale les pirogues venues de Tombouctou.
texte
source UNESCO
Voir
un article sur :
L'architecture
de terre en Afrique : Les experts dégagent des perspectives à Djenné
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